Introduction
Au milieu des années quatre-vingt-dix, l’Hôpital général de Montréal entre dans une ère de soins de haute technologie et de proximité de plus en plus spécialisés, caractéristiques de son rôle au sein du réseau hospitalier de l’Université McGill.
Au moment du passage à l’an 2000, l’HGM doit comme d’autres hôpitaux affronter la menace d’une défaillance des systèmes. La ville de Montréal et son activité économique ont bien changé. La ville industrielle s’est transformée en métropole technologique et culturelle dotée d’une industrie touristique florissante. Pendant ce temps, la province équilibre les compressions et instaure une législation qui va fournir un régime d’assurance médicaments et des services de garde d’enfants abordables à la population.
Bien qu’une fusion ait pu présager la consolidation de tous les sites en un seul super-hôpital, il est décidé au moment de l’élaboration des plans du site Glen de conserver l’HGM en tant que site complémentaire, afin de soulager la pression sur les salles d’urgence de la ville. (Source: Soins, enseignement, recherche au coeur de la cite: Rapport de la Commission d’analyse des projets d’implantation du Centre hospitalier de l”universite de Montreal et du Centre universitaire de sante McGill)
Le secteur des soins de santé doit s’adapter à l’introduction de dix-neuf réseaux intégrés à travers la province, et à la désignation de quatre centres universitaires des sciences de la santé. En 1997, on assiste à la création du Centre universitaire de santé McGill, formé par la fusion de cinq établissements de santé, dont l’HGM est le plus ancien. Ces centres universitaires ont un rôle bien défini à jouer au sein du système de santé, soit celui de fournir des soins ultraspécialisés, de produire de la recherche novatrice et de former les futurs professionnels de la santé.
Les figures légendaires de l’HGM qu’ont été Nora Livingston, William Osler, Thomas Roddick et bien d’autres avaient pour devise « la priorité, c’est le patient ». Depuis 200 ans, c’est cette même philosophie qui régit les standards et l’orientation des soins cliniques, de l’enseignement et de la recherche au sein de l’établissement.
L’Hôpital général de Montréal regroupe aujourd’hui une grande variété d’initiatives cliniques dont les valeurs communes sont la collaboration d’équipes multidisciplinaires, la participation du patient et l’innovation. Ces programmes reflètent la continuité du lien et de l’engagement envers la communauté, et nous font entrevoir un avenir prometteur.
Chef de file en traumatologie au Québec et ailleurs dans le monde
La réputation de l’HGM quant à son expertise en traumatologie est bien établie. En 1992, alors qu’un groupe de travail provincial affirmait que les taux de mortalité associés aux traumatismes excédaient 50 %, l’HGM avait déjà formulé son protocole de traumatologie. Celui-ci stipulait que le fait d’intervenir rapidement était susceptible de sauver des vies. Ces principes furent officialisés en 1993 sous la direction du Dr David Mulder de l’HGM, et érigés en un système de traumatologie à l’échelle de la province. Entre 1992 et 2007, le taux de mortalité des victimes de traumatismes à avoir bénéficié de ce protocole a chuté de 51,8 % à 2,5 %.
Dans la foulée de ces réformes, l’HGM est désigné en 1997 en tant que l’un des trois centres régionaux de traumatologie de niveau 1 au Québec. La famille Desmarais, bienfaitrice de longue date de l’hôpital, aide à faciliter la transition. De nos jours, le Centre de traumatologie Dr David S. Mulder de l’Hôpital général de Montréal compte l’une des plus importantes équipes multidisciplinaires de soins de traumatologie en Amérique du Nord, et traite environ 1 600 cas de traumatismes graves par année. De plus, comme les survivants de traumatismes font face à des défis complexes, la neuropsychologue Mitra Feyz a mis sur pied le Programme de traumatisme craniocérébral afin d’optimiser les capacités fonctionnelles et la qualité de vie des patients. Une équipe de professionnels de la réadaptation travaillent avec eux et leurs familles, et collaborent avec des partenaires communautaires de Montréal, de la Montérégie et du Nord du Québec.
Depuis 1997, le Centre de traumatologie Dr David S. Mulder ne cesse d’élargir son champ d’action au sein de communautés locales et internationales. Puisqu’un grand nombre de traumatismes peut être évité, l’équipe de traumatologie joue un rôle pédagogique auprès de la population. Par le biais de conférences et d’ateliers sur des sujets comme la prévention des chutes, la sécurité routière, le contrôle des armes à feu et les pratiques sportives sécuritaires, l’équipe plaide pour un environnement plus sûr. À l’échelle internationale, le Centre pour la chirurgie mondiale, codirigé par Tarek Razek et Dan Deckelbaum, contribue au partage du savoir sur les systèmes d’intervention en traumatologie en Afrique, en Amérique latine et au Moyen-Orient.
L’immunologie de la reproduction :
un champ de recherche fertile
La santé mentale à l’HGM
À l’HGM, le traitement des troubles psychiatriques a relevé du département de neurologie jusqu’en 1946. La plupart des patients étaient hospitalisés dans d’autres établissements, tels que l’hôpital Saint-Jean-de-Dieu ou l’Hôpital protestant des aliénés à Verdun — aujourd’hui devenu l’Institut universitaire en santé mentale Douglas.
Alors qu’on observe au lendemain de la Seconde Guerre mondiale une prévalence de problèmes psychiatriques au sein de la population générale, l’HGM modernise son approche du traitement psychiatrique. En 1946, le Dr Albert E. Moll, premier psychiatre en chef de l’HGM, commence à offrir des consultations externes dans les divisions Western et Centrale de l’HGM. Sous la direction du Dr Moll, le département a été à l’avant-garde d’une approche communautaire des soins en santé mentale. Cette orientation est devenue le mode de traitement privilégié des patients en psychiatrie après le mouvement de désinstitutionnalisation des années 1960.
De nos jours, la Mission en santé mentale offre un service étendu et pluridimensionnel, à l’image de la compréhension actuelle du spectre de la santé mentale et de ses complexités. Prolongeant la tradition du travail d’équipe à l’HGM, la Mission relie les départements de psychiatrie et de psychologie et collabore avec des médecins, des infirmières et infirmiers, des ergothérapeutes, des travailleurs sociaux et d’autres professionnels paramédicaux. Elle sert les patients hospitalisés et externes, fournit des soins d’urgence spécialisés et des soins aigus, et offre des consultations de liaison pour une grande variété de services et de départements hospitaliers.
La Mission en santé mentale mise sur les thérapies de pointe, la prévention et l’intervention précoce, ainsi que sur l’autonomisation des patients. Elle est dotée de programmes qui sont adaptés à la diversité des besoins de la communauté, tels que :
- Le Centre d’orientation sexuelle de l’Université McGill (COSUM), un service psychothérapeutique primé pour les patients LGBTQI+ et leurs familles;
- Une unité de neuromodulation, qui offre une thérapie de pointe par SMTr (stimulation magnétique transcrânienne répétitive) pour les maladies résistantes aux médicaments;
- Des unités de thérapie cognitivo-comportementale, de psychopharmacologie et de thérapie;
- Le Programme de transition et de rétablissement, qui met à profit le vécu des pairs rétablis ou en voie de rétablissement en un programme aidant les patients à s’autonomiser et à se réintégrer à la communauté, et autogéré par des bénévoles;
- Des programmes spécialisés dans le traitement de la toxicomanie, des troubles anxieux, des premiers épisodes de psychose, des troubles de l’humeur et des troubles de la personnalité.
Soutien communautaire
La Mission en santé mentale est un remarquable exemple de l’impact que peut avoir le soutien communautaire. Celle-ci peut en effet s’appuyer sur les collectes de fonds, le travail de bénévoles et la philanthropie de donateurs de longue date de l’HGM.La famille Angus, qui soutient l’HGM depuis les années 1960, finance un large éventail de programmes et de thérapies au sein de la Mission. Notamment, l’Unité des soins d’urgence en santé mentale Jacqueline G. Angus et l’Unité d’intervention brève, la musicothérapie, la psychopharmacologie, la transition vers le rétablissement et la recherche sur les maladies psychiatriques graves.
Programme périopératoire (POP) :
Autonomiser les patients grâce à la préhabilitation
Fondé par le Dr Franco Carli, anesthésiste, le Programme périopératoire (POP) est l’un des premiers programmes de préhabilitation en Amérique du Nord. Ce programme mise sur un ensemble de thérapies et de ressources telles que la kinésiologie, la nutrition et la psychoéducation pour soutenir les patients pendant leur période d’attente préopératoire. Ce type d’outils aide les patients à prendre leur condition physique préopératoire en charge, et leur procure le cadre, la supervision, les soins et le suivi susceptibles de favoriser leur succès.
Le taux de réussite du Programme POP démontre qu’investir dans la capacité des patients de progresser et de s’autonomiser rapporte gros. D’après les études, 80 % des patients du programme retrouvent leur niveau de forme préopératoire grâce à la préhabilitation, contre 50 % avec la réadaptation et 35 % sans intervention. Reconnu à travers le monde pour son travail de précurseur, le Dr Carli a été élu président de l’American Prehabilitation Society en 2020.
Oncologie thoracique :
des soins de précision pour traiter des cancers redoutables
Le Dr Lorenzo Ferri, chef de la Division de chirurgie thoracique, qualifie celle-ci de « guichet unique » pour les soins complexes du cancer. La division dispose d’une structure intégrée de chirurgie et de recherche, ce qui lui permet de repousser les limites et d’orienter la recherche sur le cancer dans des directions inexplorées. Des traitements novateurs se consacrent à améliorer les soins aux patients. Grâce aux récentes avancées technologiques, ceux-ci sont adaptés à la constitution biologique du patient, et propulsent le traitement du cancer au-delà d’un modèle d’essais et d’erreurs, qui peut parfois être dévastateur.
Soins chroniques :
Le programme des maladies inflammatoires de l’intestin (MII)
COVID-19 à l’HGM : la deuxième pandémie de l’hôpital
Au moment où la pandémie de grippe frappe Montréal en 1918, le centième anniversaire de l’HGM approche. Malgré les graves pénuries de personnel causées par la Première Guerre mondiale et exacerbées par la pandémie, l’hôpital répond aux éclosions d’infection à travers la ville. L’HGM participe également à la mise sur pied d’un hôpital temporaire près du port, destiné à soigner les soldats qui rentrent au pays.
Cent ans plus tard, l’HGM traverse aux côtés du monde entier une nouvelle période historique. La grippe de 1918 s’était introduite sur les continents à travers les flux de trafic militaire. Dans l’environnement hautement connecté et cosmopolite de 2020, c’est en grande partie par le biais des voyages aériens que la COVID-19 s’est répandue sur la planète. Pour freiner la transmission du virus, la Ville mise aujourd’hui comme en 1918 sur le port du masque, sur la distanciation et sur la restriction des rassemblements publics. Toutefois s’il fallut des décennies pour mettre au point un vaccin contre la grippe, la vaccination de nouvelle génération et ses procédés à base d’acide nucléique (ARN) ont permis de développer des vaccins efficaces contre la COVID-19 en moins d’un an.
Tout comme lors de la pandémie de 1918, le personnel de la santé de l’HGM a travaillé sans relâche pour traiter et limiter la propagation de la COVID-19, en offrant des soins humains et en donnant l’exemple au reste de la société. Son service dévoué à la communauté durant cette crise constitue sans contredit un récent chapitre d’héroïsme de l’histoire de l’hôpital.
Défi Respirateur Code Vie
Récemment, la Fondation de l’HGM s’associait à l’Institut de recherche du CUSM pour lancer Le Défi Respirateur Code Vie. Ce concours international, créé dans le contexte d’une pénurie imminente de respirateurs due à la multiplication des cas de COVID-19, invitait les concepteurs à développer des prototypes de respirateurs faciles à produire et très abordables. La réponse fut extraordinaire : plus de mille équipes de participants du monde entier s’y sont inscrites. Faisant office de pont entre les concepteurs et les fabricants, Le Défi Respirateur a également amassé des fonds pour épauler les entreprises dans la production et l’entretien des respirateurs.
Parmi les trois finalistes, c’est l’entreprise montréalaise de robotique Haply qui a remporté le concours, grâce à son concept facile à réaliser à l’aide d’imprimantes 3D.
Le soutien des familles,
une tradition de longue date
Si l’Hôpital général de Montréal a pu survivre et prospérer, c’est grâce à deux siècles de soutien communautaire — que ce soit des dons de poisson confisqué offerts par l’inspecteur de la chasse, ou d’importantes campagnes de financement menées par certains membres des plus illustres familles de Montréal.
Deux familles en particulier ont maintenu leur remarquable soutien à l’hôpital sur une période de plusieurs décennies. J.W. McConnell fut notamment un fidèle et généreux allié de l’HGM. La fondation qui porte son nom perpétue son héritage depuis sa création. Ses contributions ont fait avancer la recherche dans le traitement de la douleur, du cancer, de la santé mentale et de l’iléite et la colite, entre autres domaines. Le financement de la fondation a également servi à soutenir la formation médicale pratique et à assurer la pérennité de postes universitaires clés.
L’HGM a aussi pu compter sur le soutien de la famille Molson sur une période qui inclut maintenant sept générations. C’est John Molson père qui en 1818 présenta le premier argument en faveur d’un hôpital public à l’Assemblée législative du Bas-Canada. Ceci mena à la construction du premier Hôpital général de Montréal, en 1821, que Molson père ceintura d’une clôture ouvragée en fer forgé. Le nouvel HGM fut érigé en 1953 à partir de plusieurs des mêmes matériaux que la brasserie Molson, incluant la brique extérieure. La famille Molson a également contribué à la création de la Fondation de l’Hôpital général de Montréal, en 1973.